Rassemblement 2022 du REV ² à Metz

Pouvoir, le mot qui fait peur

Dans les situations problématiques, le pouvoir psychiatrique tranche en désignant UNE personne comme «malade» et justifie cet acte par un diagnostic dont le prisme s’imposera désormais à tous.

Et si l’extrême restriction des perspectives de vie pour les « patients psychiatriques » était aussi, en partie, le résultat de l’imposition d’un regard exclusivement médical ?

Que se passe-t-il quand les personnes, reprenant le pouvoir sur leur vie, se saisissent de l’opportunité de re-définir leurs envies et les obstacles à les réaliser ?

Participez au rassemblement du REV France, les 7 et 8 octobre 2022 à Metz et apportez votre contribution aux échanges !

Le rassemblement du REV, c’est 2 jours de témoignages, de groupes, d’ateliers… et de fête !

ENTREE LIBRE ET GRATUITE

N.B. : Pour la soirée festive, vous aurez à payer votre repas sur place (le lieu vous sera précisé suite à votre inscription et à l’accueil le vendredi).

TELECHARGEZ LE PROGRAMME PREVISIONNEL EN CLIQUANT ICI

Affiche et flyer à télécharger ici et à diffuser largement 🙂

Et pour trouver un hébergement à Metz, cliquez ici ou .

Au plaisir de vous retrouver à Metz !

Hélène Lœvenbruck – Conférence sur l’Endophasie

Lorsque vous lisez ces lignes, pouvez-vous entendre la différence entre les deux phrases ? Pouvez-vous imaginer Dark Vador les prononçant, avec sa voix menaçante ?

Le langage intérieur, qu’on appelle aussi petite voix dans la tête, pensée verbale ou endophasie, peut prendre des formes diverses selon les individus ou les situations. Ces variations de format, repérées assez tôt par les philosophes et les écrivains, ont entrainé des débats sur la nature auditive, visuelle, motrice ou amodale de l’endophasie. Les neurosciences cognitives, avec leurs outils expérimentaux et leurs modèles théoriques, permettent de confirmer expérimentalement certaines intuitions sur la nature de l’endophasie et de mieux expliquer l’origine des variations. Trois dimensions de variation sont ainsi distinguées : la condensation, la dialogalité et l’intentionnalité.

Lorsque l’on parle dans sa tête, c’est parfois sous une forme condensée, avec des bribes à peine formulées, des concepts. D’autres fois, au contraire, la formulation est très développée, avec des phrases entières qu’on articule mentalement et qu’on peut entendre dans sa tête, comme lorsqu’on récite un poème. Il existe tout un continuum de condensation, depuis un extrême, condensé, compact, jusqu’à un autre, développé, déployé. La deuxième dimension concerne la dialogalité. On peut en effet passer du soliloque intérieur (« il faut que j’arrive à l’heure ») au dialogue interne avec soi-même (« je me dis ») ou avec autrui. On peut ainsi revivre ou anticiper une conversation et entendre les paroles de nos interlocuteurs imaginés. L’endophasie varie aussi en intentionnalité. On peut observer des variantes délibérées, comme dans les situations où l’on doit retenir une liste de courses. À d’autres moments, les pensées verbales surviennent à l’improviste, de façon non-intentionnelle, dans des moments de rêverie ou lorsqu’on décroche d’une tâche ennuyeuse. On touche ici aux limites de l’agentivité, ce mécanisme subtil qui nous donne le sentiment d’être l’auteur de nos actions, et en particulier de nos verbalisations intérieures. L’endophasie varie sur ces trois dimensions, en fonction des moments, des contextes, mais aussi des individus.

Pour rendre compte des variations selon ces dimensions, nous avons introduit ConDialInt, un modèle neurocognitif ancré dans le cadre du contrôle prédictif. La production de parole y est considérée comme un processus hiérarchique, avec plusieurs niveaux, depuis l’objectif langagier jusqu’à l’émission d’un signal de parole. À chaque niveau, s’effectuent des ajustements qui s’appuient sur des prédictions. L’endophasie est expliquée comme une production de parole tronquée, le niveau de la troncation déterminant le degré de condensation. ConDialInt permet aussi de décrire des formes atypiques d’endophasie. L’hyperphantasie verbale (les voix imaginées avec une netteté extrême) et son opposé l’aphantasie verbale (l’absence de sensation de voix interne) s’interprètent comme une variation de la condensation. Les hallucinations auditives verbales sont envisagées comme des formes dialogales non-intentionnelles, dans lesquelles une comparaison défaillante entre prédictions et objectifs annule l’agentivité.

Enfin, les neurosciences cognitives permettent de mieux comprendre la fonction de l’endophasie. Les tests de psycholinguistique révèlent que, pour de nombreux individus, l’endophasie joue un rôle central dans la cognition, notamment dans la mémoire de travail, la mémoire autobiographique, le calcul, la résolution de problème, la prise de décision, la planification, l’anticipation de situations futures. L’endophasie a également un rôle métacognitif : elle renforce la conscience de soi, c’est-à-dire la reconnaissance de sa propre existence. L’endophasie permet aussi l’auto-régulation, l’auto-critique, l’auto-encouragement, l’auto-réconfort. Tout au long de la vie, à travers l’endophasie, l’être humain se parle et se forge une identité, une ipséité, et développe une conscience de soi étendue dans le temps, qu’on appelle aussi l’autonoèse. Se parler permet de se connaître, de se retrouver.

le REV France et le Neurocercle de Grenoble

présentent conjointement


Mercredi 28 septembre 2022 à 18 heures
à la Maison Des Associations
6 rue Berthe de Boissieux, 38000 Grenoble

(Entrée libre)

Linguiste et chercheuse au CNRS à Grenoble, Hélène Loevenbruck s’intéresse au langage et à la parole intérieure. Elle fait appel à plusieurs disciplines scientifiques comme les neurosciences, la linguistique, la philosophie, mais aussi d’autres domaines scientifiques comme les mathématiques.